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Young Thug est probablement l’une des meilleures choses qui soit arrivée au rap de la décennie. Fantasque, foncedé, original, talentueux et stylé, il a imposé son style à Paris le temps de deux concerts dont l’un au Bataclan quelques jours avant les attentas du 13 Novembre, alors qu’il s’était fait arrêter quelques semaines plus tôt suite à des menaces proférées à l’encontre d’un agent de sécurité, et que son nom est cité dans le cadre de l’enquête sur la fusillade du bus de tournée de son meilleur ennemi, Lil’ Wayne.

 

Young 1C’est la seconde fois que tu viens en France ? Quelle image avais-tu de ce pays avant de débarquer ?

Young Thug – La même image que celle que j’ai de tous les pays où je suis censé passer : c’est loin, c’est différent, ça va être forcément compliqué… C’est une autre partie du monde pour moi qui vient des Etats-Unis. Donc je sais, à chaque fois que j’arrive quelque part, que ça va être étrange. Mais si j’ai bien compris, j’ai aussi beaucoup des fans ici et ça me rassure. Je suis au milieu d’une tournée, ce n’est pas comme si j’étais en vacances. Je suis déjà venu en Europe, c’était à Londres et c’était cool mais je ne connaissais pas du tout la France et je compte vraiment y acheter un pied à terre.

Je vois que ton amie porte des Louboutin, peut-être connait-elle mieux la France que toi ?

La copine de Young Thug (perchée sur des talons de 12 cm hérissés de pointes dorées) : Ah oui c’est sûr ! Ces chaussures sont françaises, elles sont faites à Paris. Je ne les ai pas achetées ici mais c’est la première fois qu’elles reviennent dans leur pays d’origine !

Young 2Avez-vous eu le temps de découvrir la cuisine française ou le vin ?

Young Thug – Non, et à vrai dire je ne connais rien de tout cela. En ce moment, je ne fais qu’enchaîner les concerts, ville après ville. Je joue, je dors et je me casse. Ce n’est pas l’idéal.

Pourquoi enchaînes-tu les mixtapes depuis des années sans jamais avoir sorti quelque chose que tu considères comme un album ?

C’est l’industrie qui veut ça, l’industrie du rap. Tu dois être sur le pont tout le temps, mais tu n’as pas le temps de faire d’album. C’est une énergie, il faut être présent au quotidien. Continuer à leur en mettre plein la gueule, tu vois ? Tu ne dois pas te soucier des leaks ni des morceaux qu’on te vole sur ton ordinateur. Tu dois juste faire des chansons, tu dois faire de la musique, continuer à sortir des trucs. Tu ne connais peut-être pas le rap, mais c’est comme ça que ça fonctionne.

 

Young 3

Mais ce premier album, Hy!£UN35, dont tu parles depuis des mois, en n quoi sera-t-il différent de tes mixtapes ?

J’espère d’abord qu’il sortira cette année. C’est un truc assez dingue dans lequel j’ai essayé de faire des chansons, des vrais titres et non pas des trucs vite fait comme sur une tape. Une dose de Kendrick Lamar, une dose de J. Cole, ce genre de choses, car il faut que ce soit un album et aussi un truc qui passe en club. Comme ta prochaine question portera sur les producteurs, je vais te le dire : je suis toujours avec London On Da Track, Wheezy, 808 Mafia, Mike Will Made It, Ricky Racks…

Quand j’ai entendu Barter 6 il y a quelques mois, je me suis dit qu’on tenait enfin le premier album de Young Thug. Mais tu as rapidement dit dans une interview que ce disque n’était qu’une mixtape…

Une mixtape c’est pour la rue, c’est un truc que tu fais comme ça, sans forcément y penser, parce qu’il faut rester dans le game. C’est comme écrire un mail pour dire “hello” à tes amis. Un album est un projet avec lequel tu dois frapper fort. Les mixtapes, c’est pour tout le monde et tu les jettes à la poubelle rapidement. Alors qu’un album est un objet que seuls tes vrais fans prendront la peine d’aller acheter, et sais que tu leur a préparé quelque chose de spécial. Je sais que tout le monde m’écoute, mais seuls mes vrais fans vont aller acheter mon album.

Tu bosses avec tellement de monde qu’on a parfois du mal à situer ta carrière. Peux-tu clarifier ta situation contractuelle ?

Je suis signé sur Atlantic via 300 Entertainment [le label de Lyor Cohen, NDLR]. C’est mon seul lien contractuel. Gucci Mane est mon frangin, Birdman aussi, on bosse tous ensemble mais c’est une forme de fraternité. On est amis mais il n’y a pas besoin de contrat. En un sens, je suis signé sur leurs labels, mais il n’y a pas d’avocat, pas de contrat, même si je sors tout le temps des trucs avec eux. Je passe plus de temps avec Gucci ou avec Birdman que chez 300, mais tout ça n’est qu’une famille. On s’en fout des contrats.

 

 

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